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Immersion totale chez un maître potier au Japon

Dernière mise à jour : 5 avr.

Eté 2019, en route vers le bout du monde


Pourquoi le Japon ?

C’est par hasard que je me suis retrouvée au Japon l’été 2019. Nathalie ma voisine de tour à l’école Créamik me dit un matin de juin : dis Véro voudrais-tu me remplacer pour une formation d'un mois chez un maître potier japonais ? OH !

Nathalie devait rentrer chez elle en Polynésie Française et priorisait ce retour dans sa famille. J’ai envoyé mon dossier de candidature à l’organisme Explore Japanese Ceramics, et j’ai été acceptée. Voilà comment cette aventure a commencé.


2 mois après, j’arrivais sur place, seule, avec mon sac à dos et ma valise. Etais-je prête à un tel plongeon dans l’inconnu ? Etais-je prête à perdre tous mes repères d’occidentale ? Bien sûr que non, je ne m’attendais à rien parce que j’avais tout à découvrir..

Tokyo, et ensuite ?

Quelques jours à Tokyo pour absorber un peu le décalage horaire et visiter le plus possible cette métropole fascinante et me voilà chaudement débarquée (il fait très très chaud l’été dans le sud-ouest du Japon. Indice Humidex en folie ! Ville passionnante dans laquelle j’aurais dû prévoir de rester plus longtemps. Mais j’ai profité de chaque seconde à commencer par apprivoiser le métro tokyoïte, et la nourriture. Un voyage de 6 heures en Shinkansen je passe sur l’achat du billet à un guichetier qui ne parle pas anglais, , le challenge pour arriver sur le bon quai, sur les correspondances pour arriver à bon port.;


Je ne sais plus parler, plus lire, plus me repérer, tout est en japonais mon alphabet a volé en éclats. Les Japonais ont ceci d’extraordinaire, dès qu’ils voient un occidental le nez sur un plan ou en l’air sur les panneaux, il viennent spontanément aider pour peu qu’ils soient anglophone. Et ce n’est finalement pas si fréquent au pays du soleil levant. J’arrive à Seto, dans la préfecture d’Aïchi, près de Nagoya en fin de journée, tout est si différent, plus exotique, plus rural même avec ses plus de 100 000 habitants c’est un village tellement vaste. Seto est le temple de la céramique, au Japon, avec Tajimi sa voisine. Un musée extraordinaire, le Seto-Gura Plaza retrace l'histoire de cet art ancestral.

A l’atelier Kasen

Hiroshige Kato le maître potier nous accueille, nous les 4 nouvelles stagiaires, venues d’Australie, de San Francisco, du Luxembourg et de France. Nous logeons au premier étage de l’atelier, et cet accueil est amical et chaleureux, notre maître est très souriant et nous invite à visiter les lieux. Me voilà, au cœur de ce voyage au bout du monde, demain matin on met les mains dans l’argile


Quel dépaysement là aussi ! Les méthodes, le malaxage, les outils, le grès lui-même sont différents, quand je parle de points de repères qui explosent, là encore c’est un plongeon dans le vide. Mais ma formation longue à Séné me permet de rapidement reprendre mes marques. L’argile c’est l’argile allons donc, et mes mains s’adaptent à façonner des pièces à la motte. L’image est parlante. Motte après motte, leçon après leçon de notre maître, les pièces prennent forme sous les doigts et le malaxage en tournesol se fait moins difficile. Malaxer 2 kg d’argile en une seule fois, ça surprend, et c’est sportif. Cette étape enseigne l’utilité des gestes efficaces.


Et qui l'eut cru ? Notre maître, très actif les samedis soirs dans un groupe de rock,, a pris sa guitare un jour, et nous a chanté les Beatles. Inattendu mais qui fait sens. Les garçons dans le vent ont un fort ancrage au Japon. Les cultissimes Let it be, Imagine, Still my guitar et plus encore, chantées ici à l'atelier, après diner... Quelle émotion !

Le thème de ma formation

J’avais choisi pour ce voyage l’option ‘Fabriquer ses ustensiles pour la Cérémonie du Thé’ parce que j’avais une réelle envie de m’immerger dans la culture, essayer de comprendre les fondamentaux, le sens, la philosophie, la sagesse extrême orientale, cette quête que j’étais venue rencontrer, la symbolique de cet art du Thé au Japon. J’ai donc appris à tourner des bols traditionnels entre autres pièces, appris à décorer dans la pure empreinte ancestrale, ces céramiques que j’ai tournées là-bas ont une place particulière dans mon cœur.

Dans la collection de mes créations vous découvrirez ces décors originaux en Oribe (dessins au carbonate de Fer et émail vert foncé sur craquelé) et en Ofuke (dessins bleus au carbonate de Cobalt et couverte transparente).


Quelle aventure extraordinaire ! Et travail intensif, à la japonaise, pas de week-end, les dimanches nous appliquions nos décors pour la cuisson du lundi. Avec quelques exception pour le festival annuel de Nagoya et le festival qui a lieu en septembre à Seto, en l’honneur de la production céramique de la ville.


Le Festival de la Céramique de Seto

Un incroyable marché de potiers qui attire 300 000 visiteurs chaque année, ça laisse songeur n’est-ce pas ? Un évènement inoubliable de 2 joursnotre maître Hiro expose et fait sa meilleure vente de l’année. La soirée est une fête aussi, les restaurants éphémères offrent toutes sortes de plats traditionnels. Feu d'artifices en forme de smileys ! Hiro nous a emmenées découvrir le temple shinto Kamagami à une volée de marches du cœur de la ville. Ce temple, de nuit, avec ses lanternes, son bassin en pierre pour le rituel de la purification à l’aide des louches à long manche que l’on utilise suivant un code bien précis.

L’univers du Japon est extraordinairement apaisant.



La Cérémonie du Thé

Et puis est arrivé le jour de la Cérémonie du Thé. Quelle aventure ce bonus.. Notre maître nous avait dit : à présent que vous avez fabriqué vos bols à thé traditionnels, je vais prendre rendez-vous pour votre formation à la Cérémonie du Thé avec le maître de Thé et vous pratiquerez cet art, nous serons vos invités.

Pour apprendre les gestes c’était pour l'élève australienne et moi dans le but d'offrir le thé à nos invités qu'étaient Hiro et les 2 autres élèves.

Apprendre les gestes traditionnels est une affaire on ne peut plus sérieuse. En revanche le maître de Thé ne parlait pas un mot d’anglais. Le mimétisme vous pratiquez ? Non bien sûr pas tous les jours et moi non plus. Mais ce jour-là, nous avons imité, appris, reproduit ce que le maître nous a enseigné, nous avons servi le thé matcha dans nos bols tournés à l’atelier. Notre maître Hiro nous a expliqué le sens de ce moment suspendu dans le temps : la salle nue, aucun meuble, juste le tatami et dans un angle le samovar, le pot du précieux thé matcha, le doseur à long manche, la louche, le fouet en bambou... Il nous a expliqué le bol d'été pour rafraichir le thé, le bol d'hiver pour réchauffer les mains, la saisonnalité de la Cérémonie d'octobre à mars puisque le samovar réchauffe une pièce sans chauffage. Il nous a expliqué la philosophie de l'instant, du partage, de ces gestes codés qui viennent d'un autre temps mais qui sont toujours vivaces aujourd'hui.


Le mot de la fin..

Quelques jours après cette cérémonie, ce fut l'emballage des pièces à emporter et à expédier. J'en avais plein mon sac à dos.. et une caisse de 40 autres pièces m'est arrivée à la maison un beau jour du mois de décembre. Avec elles toute la magie de ce voyage, je me suis pincée, oui c'était vrai..


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